Prise de terre, prise de tête. Electrocution.

Y'a des fois, j'aimerais inventer la photo sensorielle.
Conserver le bruit de mon pied sur la neige fraîche. Cet instant de plénitude lorsque, après un bon repas, on s'affale sur le canapé pour digérer. Ce moment, là, où au milieu de la foule accélérée par les achats de Noël, à Châtelet, je suis debout, droite, sentant ces âmes pressées, stressées, froissées, tourbillonner contre ma bulle. Je voudrais mettre en cage ces douces émotions, sensations et vibrations pour les déguster aux moments fades. Une première gorgée de bière.

Je pense.

Je pense à mon attrait pour la photo, et cette velléité quasi maladive de vouloir scotcher sur papier glacé le bon et le beau. Le bizarre. Comme c'est bizarre. Ont-ils  plus d'intérêt s'ils sont montrables ou partageables? Comme si mes actes n'existaient pas sans preuve. Figer les événements pour les montrer. Les partager. Exister pour ce que je fais. J'entretiens l'hologramme que je projette en pensant qu'il est moi. Je veux figer mes sensations pour les tenir à bouts de bras, première image que les autres auraient de moi. Elle fait, elle prouve, donc elle est. Vivre pour soi, pourquoi?