Être ailleurs

Je suis bourrée. Grave. Et je suis bien. Deux verres de Gewurtsraminer, une choucroute qui se prépare. One. Une amie, mon Amie, qui ferme les yeux en écoutant Grand Corps malade qui soutient l'éducation nationale. Two. Courir dans les bois et mes écouteurs qui tombent, ça m'énerve d'habitude ! là ça ne m'énerve pas, il y a des chevaux dans les prés. Aucun rapport. Three. Le silence, le vrai silence, le savourer, et l'envie de crier pour le casser, pour dire toutes ces choses qui ne sortent pas par manque de vocabulaire, crier, crier, crier. Four. Et déverser dans cette vallée pas loin de tout, isolée quand même, ces sentiments que j'aimerais avoir, que je cherche, que j'ai perdus, et ceux qui me pèsent, me lestent, toute cette bile qui s'amasse au fond de mon coeur et qui me donne envie de vomir. Ou de vivre. De vivre et de regarder les étoiles qu'on voit si bien dans cette campagne, de vivre et de courir, demain, sentir l'air froid entrer dans mes poumons et mes muscles aller au-delà de ce qu'ils peuvent, sur le chemin plein de cailloux, sur le chemin martelé par le pas des chevaux. Vivre et savourer ces moments de douceur avec Elle qui me prend comme je suis, l'eau qui bout, l'odeur de poireaux. Five. Je pense, je rêve, je me perds, je suis ailleurs et j'aime, j'aime ! oublier la réalité et me prendre, moi avec moi, moi pour moi, me faire du bien, m'écouter, me déguster. Juste comme je suis. M'accepter.
Il est encore tôt, la déco est nulle dans ce gîte où le propriétaire oppresse. On est bien. Je la vois gratter, moi je tape. Chacune notre exutoire et une communion sans religion. Une douceur. Le bonheur.

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[gil]

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