Romain de mon coeur.
Oh oui, je sais, je suis une midinette hystérique quand on me parle de Romain Duris, m'en fous ! Je n'ai jamais été groopie de qui que ce soit, laissez-moi donc fantasmer.
Et puis quoi, j'ai même pas vu tous ses films, et j'ai pas de poster de lui dans ma chambre. J'ai même jamais tapé son nom dans Google Images, ou bien j'ai oublié, ou alors y'a longtemps... quoi qu'il en soit, m'en fous, je bave.
Je suis donc allée le voir au théâtre de l'Atelier, dans l'unique but qu'il sente la caresse de mon regard brûlant sur son torse puissant et arrête ainsi la pièce, possédé par le feu dévorant de l'Amour, soudain conscient du vrai sens de sa vie, hurlant mon prénom et me jurant qu'il serait à moi pour des siècles et des siècles, amen.
Evidemment, ça s'est passé comme ça. A un ou deux détails près, quoi...
Clochard divagant ses histoires de vie, des anecdotes, des bribes d'émotions, des lambeaux de souvenirs. De petites touches. Clochard inondant un passant de tous ces mots, ses maux, ses idéaux, cent queues, cent têtes, des rencontres, des ratés, des idées, tous ces petits rien qui font de notre vie un tout, et des bouffées de souvenirs qui lui reviennent à la gueule pendant qu'il raconte autre chose, des liens sans liens, que lui seul peut comprendre, des appels désespérés, des espoirs forcenés, des mots, des mots...
Je suis tombée amoureuse. Doux, fort, fougueux, dévastateur. Une puissance insoupçonnée. Humm, à mon tour de rêver de le malaxer, de le triturer, de le faire mien... ce texte... ce texte... La nuit juste avant les forêts, de Bernard-Marie Koltès... ce texte absolument fabuleux, effleuré par Duris qui ne se laisse pas assez dépasser par tout ça... belle performance que de jouer seul pendant une heure et demie, pour une première expérience théâtrale, chapeau. Jolie présence, jeu cohérent... mais Romain... tu es trop petit pour un grand texte, laisse-le aux adultes... j'aurais voulu voir sur scène un fou complètement normal, quidam dépassé par lui-même, mais tu as travesti ta voix, tu ne l'as pas laissé aller, tu aurais dû crier ce texte délirant! tu as résisté, tu n'as pas cédé à la noyade dans cet océan poétique... tellement dommage...