Un homme - Philip Roth

"Un homme. Un homme parmi d'autres."

Une vie !

Souvenirs.
Anecdotes.
Prises de conscience, pertes de confiance.
Des erreurs dans toute leur simplicité.

La dégénérescence. L'enfance, les parents, l'amour, le désir, le sexe, le travail, les pulsions, les regrets, l'art, la santé, les passions. La dégénérescence.

Je me suis ennuyée, au début. C'est lent, long, sans objectif.

C'est écrit gros, c'est facile à lire, ça n'a l'air de rien, comme ça, je l'ai refermé en me disant ouais, bon, bof, déception. Je l'ai refermé, comme ça, il y a une heure, et depuis je pense... le roman se révèle: il est lent, long, sans objectif... les petits riens chiants comme la pluie à lire, si importants à écrire... les détails, gouttes d'eau, qui forment nos océans... la chronologie bouleversée qui suit nos pensées, la sélection inconsciente et personnelle des souvenirs... le chemin, juste le chemin de la vie.

Pas d'intrigue, pas de suspense. Le héros meurt à la fin. Comme toi, comme moi. L'auteur décrit là une vie bien simple,  l'homme universel pourtant unique. Comme toi, comme moi. Nous rappelle que l'important n'est pas le bout du chemin mais le chemin lui-même. La vie est un voyage initiatique. A toi, à moi, de choisir de le vivre ou de le subir.

Comments

[FiveOFive]

Je n'ordonne implicitement que très rarement. Je préfère le concept de "guidage", insuffler un mouvement avec vigueur si tu préfères...

Ca n'a pas l'air très clair à la relecture, mais j'espère que tu auras saisi le sens de mon propos ;)

Je conseille donc.

"Maitre" ? Je n'ai jamais eu cette prétention. Mais j'aime ta façon de voir les choses... :D

[ALucubrations]

Tu conseilles ou tu ordonnes, Ô, Maître ?
:)

[FiveOFive]

Je l'ai pris comme toi... Et c'est pourtant toujours un livre que je conseille. Nos lectures se croisent, sur celui-ci tout du moins. Il vaut davantage pour "l'allégorie" que pour le style, volontairement neutre et dépouillé pour mieux aider le lecteur à s'identifier.

Il en reste tout de même quelque chose de sacrément effrayant, aidant à la prise de conscience et au relativisme.

Considérer le style de Roth au seul moyen de cet ouvrage (qui n'en reste pas moins beau, une fois encore à mon sens) serait une erreur. Il faut avoir plongé dans le cycle Zuckermann (et dans son entame "L'écrivain des ombres") ou dans "Portnoy et son complexe" pour y trouver la finesse d'un dialogue à la Woody Allen. Je veux dire, digne de ce qu'Allen a fait de bon, à la "Manhattan"...
Je dois être dans une période "juive", le mur des lamentations ne devrait pas tarder à poindre!

Après, il faut bien sûr aimer les rapports alambiqués, la précision des saillies, les retournements et le cynisme.

Les goûts et les couleurs...